ÉGLÉE ET AZOR

ÉGLÉE ET AZOR

CRÉATION OCTOBRE 2023
Texte de Sophie Lecarpentier et Frédéric Cherbœuf, librement inspiré de La Dispute de Marivaux
Mise en scène de Sophie Lecarpentier
Un spectacle tout public.

Eglée et Azor – Une fiction

Un metteur en scène, en résidence dans une maison de retraite pour vieux acteurs, propose d’animer un atelier théâtre : il veut monter La Dispute de Marivaux. Une distribution âgée pour des rôles de jeunes gens soulève nécessairement de nombreuses questions qui nous ouvrent les portes d’une nouvelle lecture de Marivaux.
Avec les retraités volontaires, il va ainsi se confronter à la dramaturgie de l’auteur, à ce laboratoire humain que décrit Marivaux, écho au laboratoire humain de l’atelier ainsi mis en place.
Il va convaincre, expliquer son projet et entraîner cette petite troupe hétéroclite dans un parcours sinueux et rocambolesque, d’émotions et de rires, de confidences et de colères parfois.
Que deviennent, passé 80 ans, les questions d’être et d’avoir, de fidélité et de sensualité, de beauté physique et de grandeur d’âme… comment résonne la vieillesse avec ces questions fondamentales de séduction, d’amour, d’être… et comment l’humour-sur-soi sauve de tout.

La Dispute, comédie en un Acte de Marivaux, est l’une de ses dernières pièces. Il s’agit d’y éclaircir lequel des deux sexes a donné le premier l’exemple de l’inconstance en amour. Pour cela le père d’un Prince a eu l’idée de recourir à l’expérience : il a enfermé et fait élever dans un château au fond d’une forêt 6 enfants, 3 filles et 3 garçons sans aucune communication entre eux. Cette expérience a « duré de longues années ». Chacun d’eux a grandi, isolé du monde, et ne connaît encore que Mesrou et sa sœur Carise, les serviteurs qui les ont élevés. 

La pièce commence lorsque le Prince décide de laisser à ces « Hommes » enfermés depuis leur naissance, et, dans notre spectacle, devenus vieux, la liberté de sortir, de découvrir le monde, d’autres humains et d’éprouver des sentiments, dont l’amour ? Quel poids prend alors la question de la découverte du corps de l’autre, de la confrontation à la beauté, et de la fidélité ? 

Un hommage à La fin du jour de Julien Duvivier

Eglée et Azor est une référence amusée et admirative à La fin du jour, ce film de 1938 de Julien Duvivier avec Louis Jouvet, qui met en scène les pensionnaires d’une maison de retraite pour vieux acteurs. Mélancolie, destins brisés, carrières en demi-teintes ou tout à fait ratées, ces cabots cabossés des années 30 nous ont inspirés pour écrire notre projet. 

Nous parlons de la vieillesse ET du théâtre ;
Nous faisons jouer des vieilles actrices et de vieux acteurs. 

Sans coller au synopsis, mais plutôt en s’inspirant de l’âpreté des dialogues et de la gaîté flamboyante du climat du film. Sans tourner autour du pot, nous appelons un vieux un vieux, nous parlons d’amour, de sexe, de mort, sans périphrases : c’est ce que fait le film, à sa manière, nous le ferons aussi, à la nôtre. Nous partageons notre regard sur la vie en EPHAD, comme dans un documentaire, mais nous y glissons ce que nous connaissons le mieux : la fabrication d’un spectacle et la richesse des débats que la fréquentation des grands auteurs suscite.

Eglée et Azor – Du théâtre documentaire :

Le spectacle a pour décor une maison de retraite. L’écriture se nourrit d’un travail de « reporter » mené par Sophie Lecarpentier en atelier d’écriture puis en stage immersif à la Maison Nationale des Artistes de Nogent sur Marne pendant plusieurs mois en 2021. 

A l’arrivée dans un EHPAD, on est frappé par la concentration d’êtres qui représentent la diversité humaine dans son ensemble : et l’on pense à Molière et ses caractères incarnés. On y trouve les misanthropes, les timides, les avares, les Dons Juan séducteurs, les ultra-sociables, les coléreux, les pudiques, les joyeux, les râleurs, les excentriques… échos amusants des grands rôles du répertoire théâtral français ! Il émane de cette mosaïque une complexité de gestion évidente mais aussi et surtout un sentiment de désordre réjouissant. L’agglomération de personnes, ayant derrière eux de longues vies singulières, crée des frictions, certes, mais met en résonances, de manière passionnante, différentes époques et conditions sociales 

Et l’on comprend en quelques heures que chacun à toujours 15 ans au fond de soi. Et que c’est angoissant et délicieux ; pathétique et drôle

Être vieux,
c’est accepter – ou non – le paradoxe d’un enfermement dans son corps fatigué, vieilli, alors que souvent l’esprit se sent encore vif. 
C’est accepter – ou non – d’être privé de la liberté de courir, sauter, porter, d’être efficace, alors que l’enthousiasme est intact.
C’est accepter – ou non – une transformation de nos relations amoureuses, familiales et amicales, alors que le désir est toujours fringant.
C’est la sensation d’être entravé, d’un côté, mais aussi une grande liberté de n’avoir plus rien à prouver à l’autre !

Eglée et Azor – Une déclaration d’amour au théâtre : 

Dans la lignée du Jour de l’italienne, (spectacle de la Cie Eulalie qui racontait les coulisses de la création théâtrale), par le truchement de la mise en place d’un atelier théâtre au sein d’une maison de retraite pour vieux artistes, nous écrivons un hymne à la beauté des Acteurs, avec leurs fragilités, leurs forces, leurs singularités, leurs failles, leurs sensibilités et leur arrogance, leur humilité intime et leur orgueil narcissique nécessaire.

Les répétitions de La Dispute jouée par de vieux acteurs donnent lieu à des partages de souvenirs, c’est l’occasion de raconter 50 ans de théâtre en France, avec ses courants et ses modes, ses héros d’un jour et ses génies. Au cours du travail, nous prendrons plaisir à faire un état des lieux, parcellaire et subjectif évidemment, de leurs visions actuelles d’acteurs toujours actifs, désireux de partager ce qu’ils ont appris ou vécu.

Entre nostalgie et besoin de passation : nous ancrons notre démarche dans une quête de faire trace et de faire rire avec tendresse. Le théâtre étant par essence le territoire de l’éphémère, les acteurs emportent avec eux des morceaux entiers de souvenirs, des anecdotes et des savoirs passés de bouche en bouche au gré des rencontres. Récolter ces bribes éparses de mémoires d’acteurs et d’artistes, c’est aussi proposer une histoire de l’élaboration artistique, des chemins de la création, de la vitalité réjouissante de l’art. Parce que chaque époque se construit avec son passé. Et que l’humour est le chemin le plus sûr pour regarder avec sérénité les années qui passent.


AVEC LES PUBLICS

Pour découvrir les ateliers en lien avec Églée et Azor, c’est ici !


Sophie Lecarpentier
Metteure en scène
cie.eulalie@gmail.com


Valérie Moy
Administratrice
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